P’TIT BOUT


C’est un jeudi du mois de Mai
Le ciel et le soleil chantaient
Il y a vingt jours que j’étais née
J’étais goulue
J’étais repue
Car ma mère encore je tétais.

Ce jeudi noir du mois de Mai
ILS sont venus
Avec leurs bottes et leur fureur
Leurs cages en fer qui faisaient un bruit de malheur
Dedans ça sentait bon le thon

C’était un joli mois de Mai
Ma mère s’en allant promener
Au thon frais n’a pas résisté
Sur elle le piège s’est refermé

ILS sont partis
Avec leurs bottes et leur fureur
Leurs cages qui faisaient un bruit de malheur
ILS ont pris ma mère
ILS ont pris FELIX qui était si gourmand
Et puis MICKEY qui n’était pas méfiant
ILS ont pris ROUSSETTE et POMPONNETTE
Dont les petits dormaient au loin.

J’ai attendu jusqu’à la nuit
Ma mère en vain
J’ai attendu jusqu’au matin
Et j’ai eu faim
J’ai appelé et j’ai pleuré
J’ai appelé et j’ai crié
Alors LA MAIN est arrivée
Doucement sur nous s’est posée

Je suis née à Aubervilliers
Dans les décombres d’une cité
Nous étions neuf orphelins
Qui n’en pouvaient plus d’avoir faim
Alors LA MAIN est arrivée
Doucement sur nous s’est posée
Tendrement nous a soulevés
Et au loin nous a emmenés.

P’TIT BOUT
C’est ainsi que l’on m’a nommée
Petite chatte noire sans pédigrée, P’TIT BOUT
Je resterai pour ceux qui m’ont aimée
Avec mon oeil blessé
M’ont caressée, m’ont emmenée
Pour me choyer à tout jamais
Dans le luxe et la volupté
Loin des tourments d’Aubervilliers

Marianne COURREJOU – L’école du chat libre